( Photo scannée sur le journal "En Marche".
Je suis désolée pour la qualité de la photo je n'en ai reçu aucune)

 

Un Homme de Vérité

« Nous sommes dans la peine, dans l’espérance, dans la joie pour son entrée dans l’éternité de l’amour du Père. »

Ainsi concluait Monsieur l’abbé François, vicaire épiscopal, sa rétrospective de la vie de Monsieur l’abbé Pierre Boutoille, décédé à Ardres le 2 janvier 2006. La cérémonie d’adieu et l’eucharistie étaient célébrées en l’église de Bois en Ardres ce 5 janvier, présidée par Monseigneur Jean Paul Jaeger, évêque du diocèse, entouré des prêtres du secteur, et de Monsieur l’abbé Bernard Rose, doyen de l’Ardrésis, des anciens et actuel desservants de la paroisse, les abbés François, Dequéker, Christophe et Bernet.

De nombreux paroissiens s’étaient déplacés pour accompagner leur ancien prêtre qui les avait accueillis, aidés, écoutés pendant 17 années, les connaissant presque tous, sa mémoire merveilleuse lui permettant de les saluer par leur nom ou leur prénom plusieurs années après la fin de son ministère paroissial.

Monseigneur Jaeger, dans son homélie après la lecture de l’Evangile selon saint Jean, développa ce qu’est le prêtre, en s’attachant à deux aspects principaux :

La première particularité se trouve être son intimité avec le Christ, cette profonde intimité avec le Christ étant la raison pour laquelle le prêtre abandonne tout pour vivre avec Lui et pour Lui.

Le deuxième caractère particulier du prêtre, Monseigneur Jaeger l’explique par son envoi vers les autres pour faire connaître le nom de Jésus : faire rencontrer, découvrir Jésus aux hommes, aux jeunes qui cherchent leur route.

Vivre dans l’intimité du Christ, proclamer la parole du Christ, l’abbé Pierre Boutoille en était un réel témoignage, lui qui voulait être proche des plus petits, de ceux qui sont les préférés du Seigneur. Cette intimité avec Jésus, il l’avait d’ailleurs simplement dévoilée en déclarant avec une grande émotion lors de son jubilé de 2004 que sa « réponse à l’appel du Seigneur était en réalité un profond amour pour le Christ ».

Mais jetons brièvement un regard sur son parcours. Dernier d’une famille de six enfants dont le père était un artisan charron au Beau Marais à Calais, il est né le 13 mars 1920. Après avoir été scolarisé à l’école privée du Beau Marais, il poussait ses études au collège saint Pierre et entre au grand séminaire à Arras.

Il est ordonné prêtre dans la chapelle du grand séminaire le 11 juin 1944, quelques jours après le débarquement des troupes alliées en Normandie. Tout d’abord vicaire à saint Géry à Arras, il assure successivement le vicariat au Beau Marais à Calais en 1945, puis à Audruicq en 1948, il est ensuite nommé curé de Surques en 1952, de Bois en Ardres en 1960 avec Pont d’Ardres en 1968. En 1977, de sérieux ennuis de santé l’amènent à se retirer.

Il assura pendant dix sept ans son ministère paroissial et tous se souviennent certes de son humour, mais aussi de la franchise de ses propos dans ses offices. Il s’intéressait particulièrement aux jeunes auxquels il enseignait le catéchisme et soutenait par ailleurs l’école privée pour laquelle il organisa plusieurs kermesses afin d’améliorer ses prestations jusqu’à sa fusion en 1966 avec le Pensionnat Notre Dame de Grâce à Ardres. Pour son église qu’il affectionnait particulièrement, il fit remplacer l’ensemble des chaises, modifia l’emplacement de l’autel et refit les peintures de l’ensemble. Il entretenait, d’autre part, les meilleurs rapports avec les autorités locales dans le respect des convictions de chacun.

De 1977 à août 1999, il continue de résider au presbytère de Bois en Ardres et rend les services que sa santé lui permet lorsque ses confrères prêtres le sollicitent, tant à Bois en Ardres, Pont d’Ardres que dans les paroisses de l’Ardrésis.

En août 1999, il arrive à Ardres dans l’ensemble résidentiel rue du Camp du Drap d’Or. Il s’y intègre immédiatement la plupart des personnes y sont âgées et souvent esseulées. Il se rapproche dans le même temps de la maison de retraite rue Montluc en y célébrant l’eucharistie une fois par mois. Il y fêtera d’ailleurs ses 60 ans de prêtrise le 10 juin 2004. En Marche en a rendu compte dans son numéro de septembre 2004.

Homme de vérité, l’abbé Boutoille tenait des propos toujours emprunts de bon sens, de sincérité, de franchise. Ils nous manqueront…

Lors de son jubilé d’or le 24 juillet 1994, Monsieur l’abbé Pierre Boutoille terminait ses remerciements par ces mots :

« … ma vie a été comme celle de tout homme : faite de joie et de souffrance, de réussites et d’échecs, d’ombres et de lumières, mais je crois pouvoir vous dire en toute vérité : j’ai été heureux. J’ai été heureux parce que j’ai aimé les gens, et je pense que c’est le secret du bonheur : Aimer.

Voici donc franchie une étape. Combien y en a-t-il dans une vie ? A quand la dernière ? Dieu seul le sait. Un jour, nous nous retrouverons dans cette église, aussi nombreux je l’espère, pour une autre célébration. Je serai silencieux, muet, et pour cause ! Je ne pourrai donc pas vous dire comment les choses se seront déroulées… Alors je vais vous dire comment je les imagine : je m’avancerai tremblant, bien sûr ! aidé par la prière de l’Eglise, vous savez la grande Eglise : celle du ciel et celle de la terre, et m’inspirant de saint Paul, je dirai : « Mon Dieu, vous savez, je ne suis qu’un pauvre homme, un pauvre prêtre, je n’ai pas toujours fait le bien que j’aimais… j’ai quelquefois fait le mal que je haïssais… et Lui me dira : « Je sais, je sais… n’empêche que tu es mon enfant. Entre dans la Maison de ton Père ! »

Mon Dieu, Tu es grand, Tu es beau, Dieu vivant, Dieu Très-Haut, Tu es le Dieu d’amour. Amen »

Prions donc l’abbé Pierre Boutoille auprès du Père, qu’il nous aide à faire entendre l’appel de Dieu auprès des jeunes dont l’Eglise a grand besoin.

« Nous sommes dans la joie pour son entrée dans l’éternité de l’amour du Père »

 

F. Ryssen

**********************************************************************

**********************************************************************